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Grand Paris express, et trois architectes de gare
Mercredi dernier, la maison de l’architecture recevait trois architectes du Grand Paris Express. Avec 68 nouvelles gares, de nombreux projets ont vu le jour. Cette 5e conférence du cycle sur le sujet recevait :
- Benedetta Tagliabue (Miralles Tagliabue EMBT) pour la gare de Clichy Montfermeil
- Aldric Beckmann (Beckmann N’Thépé Architectes) pour la gare d’Aulnay
- Anna Maria Bordas et Miquel Peiro (Bordas + Peiro Architecte Ingénieur) pour la gare du Stade de France
Au delà des projets architecturaux, le mobilier, la signalétique et un vaste projet de création artistique est gérée par la Société du Grand Paris.
Benedetta Tagliabue (Miralles Tagliabue EMBT, Barcelone) pour la gare de Clichy Montfermeil
En Espagne, il n’y a pas de différenciation professionnelle entre les métiers de paysagiste et d’architecte. Réfléchir sur le bâtiment et sur son intégration urbaine est donc tout naturel. L’architecte présente rapidement son agence et insiste sur l’idée de faire pour les autres mais aussi pour soi. Quand ils travaillent sur le marché de Santa Caterina à Barcelone (ci-dessous), c’est aussi pour améliorer leur propre environnement.
Avec le projet de gare de métro à Naples, l’agence a déjà commencé à travailler sur le sujet des gares de transport. Ils se demandent ce qui fait qu’un projet marche ou pas. Utiliser l’art et la végétation pour transformer un lieu devient alors une idée forte. Ils vont notamment collaborer avec les artistes JR et Jorge Rodriguez Gerada, qui donnent visages aux lieux.
L’inspiration viendra aussi des gens du quartier, originaires d’Afrique, et du tissage, concept récurrent des projets de l’agence. L’appropriation par les habitants est en effet primordiale. Pour la gare de Clichy Montfermeil, une nappe tissée et colorée couvre la gare et habille le mur de l’atrium central de la circulation verticale.
Aldric Beckmann (Beckmann N’Thépé Architectes, Paris) pour la gare d’Aulnay, le visible et l’indicible
Dans un contexte où les urbanismes se sont multipliés et étalés, les architectes veulent réinstaller le vivre ensemble. Ils cherchent à ce que la gare soit un lieu de rencontre, un endroit fédérateur. Au départ, le cercle semble comme la forme la plus évidente pour rassembler (on entre de tous les côtés) et permet d’absorber l’inconnu des parcelles voisines, dont on ne connaît rien du développement futur. Sur cette base circulaire ouverte à 360° est montée une tour signal rectangulaire constituée des locaux techniques. La lumière et les saisons traversent les étages.
Puis le projet change de direction avec un plan en parallélépipède et l’intégration de logements. L’idée d’une unique façade sur tout le RDC, et ce quelque soit le programme, reste toutefois intacte. Ce sera une peau de verre, avec sa “jupe” inclinée en partie haute, qui marquera l’identité du bâtiment. À l’intérieur, deux serres/jardins -investis par Berger&Berger- amènent la nature dans la gare.
Les plots de logements sont quant à eux soumis chacun à un nouvel appel d’offre
Anna Maria Bordas et Miquel Peiro (Bordas + Peiro Architecte Ingénieur, Paris) pour la gare du Stade de France, Intention-tension-résolution
L’agence aura travaillé sur 4 projets de gare du Grand Paris Express. Ce sera finalement la gare du Stade de France qui sera développée. Vu l’avancement précoce du projet, peu (ou pas) d’images ont été divulguées pour l’instant. Les architecte et ingénieur nous racontent le process plus que la résolution elle-même, à travers les relations suivantes :
- Infrastructure/architecture, en évitant que l’architecture soit le simple habillage d’une structure à cacher
- Infrastructure/tissu urbain, ou l’intégration d’un système de flux et de mouvements divers dans la ville d’aujourd’hui
- Volumes de cette nouvelle gare/lignes élancées de la structure suspendue de la Gare RER
- Monumentalité/domesticité, ou comment s’intégrer au tissu environnant. La scénarisation, avec l’invention d’histoires communes, est utile pour se mettre à la place des usagers. La place devant la gare est quant à elle traitée comme une supersurface, espace ouvert comme support à la vie publique.
- Machine de transport/expérience spatiale
Pour la référence artistique, c’est la série céramique de l’Architecture pour le regard, d’Enrik Mestre, qui est donnée.
À l’intérieur, les rythmes comptent aussi : l’accélération que l’on prend dans un long couloir est contrebalancée par un large hall de circulation verticale, où le temps de l’escalator est excuse à la contemplation.