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Le mur au Pavillon de l'Arsenal
Malgré la popularité de l’évènement, j’ai pu me glisser au cours de Richard Scoffier sur LE MUR au Pavillon de l’Arsenal ce samedi 12 mars. C’est dans le cadre de son université populaire sur le thème de Où commence l’architecture que le pavillon organise 4 cours ouverts au grand public sur le mur, l’ouverture, la structure et enfin le volume.
Donc, le mur.
D’abord, il faut parler de l’orateur, Richard Scoffier, qui est n’est pas des plus banals. Sa mèche noire et son air tendu lui rendent l’image d’architecte qu’il assume en toute franchise et sans prétention. Au début ses mains tremblent mais le cours déroulant, il se détend. Restent ses haussements de ton soudains, et sa posture mal assise qui l’installent dans le rôle du passionné, habité, torturé ; son air de fou attire l’oreille et capte l’attention. Ses dires sont ceux d’un sage.
Sans pouvoir retracer précisément le cours entier, mes notes vous avancent quelques notions abordées, quelques bribes des lectures que l’on peut faire de cet élément architectural essentiel. Le mur a mille visages et mille usages. Il existe pour :
limiter
un territoire qui est extension du corps (comme les animaux qui marquent leur territoire par l’urine). Limiter est aussi séparer, opposer. Tout comme la parole, et donc la pensée, opposent, excluent : on choisit d’utiliser un mot et non un autre, on pense en opposant des points de vue, on opte pour un argument au dépens d’un autre. Le mur incarne ainsi une séparation qui peut être politique ou idéologique (mur de Berlin, mur de Jérusalem). Avec la limite apparaît une intériorité. Le mur empêche l’espace de fuir, il qualifie très précisément un vide par son inertie, son épaisseur.
se dresser
et donc marquer le haut et le bas, convoquer notre verticalité d’humain en plus de servir comme notre seconde peau. Contrairement à la vérité galiléenne, notre perception est celle d’une terre plate, qui est toujours en bas, et qui reçoit du ciel la lumière.
se creuser
constituer un monde, une planète par la seule masse inerte du mur.
objecter
comme un morceau d’argile qui devient un objet autonome qui se révolte et habite l’espace, envahit son contexte.
s’effacer
pour offrir un fond, mettre en scène et permettre la lecture, l’éclairage, le cadrage d’un autre objet. Offrir une enveloppe qui mette en valeur un objet (d’art par exemple).
être espace actif
en constituant une paroi faite d’activités et de rituels superposés, comme les espaces servis et les espaces servant de L.Khan. Voir le post sur Habiter le mur.
s’ouvrir
se décomposer
par la dématérialisation. Les surfaces deviennent autonomes et éclatent.
refléter, réfléchir
par le verre et renvoyer une certaine image.
Dans ses exemples, Richard Scoffier aborde toutes les époques et mélange les genres car l’architecture n’est pas à aborder historiquement, tout bâtiment témoigne chaque jour, il est toujours efficace et actuel, il est toujours là.
Il conclue par une allusion aux mythes, dont la véritable réponse n’est pas de savoir ce qui s’est réellement passé mais Connais-toi toi-même. Beaucoup trouvent l’origine de l’architecture dans les premières formes de protection. Mais l’architecture n’est pas la constitution d’une protection, l’architecture nous constitue.