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Technologie ou art écologique
La révolution écologique n’est pas qu’une histoire technologique.
On sait bien que l’on vit une prise de conscience massive et un retournement de nos sociétés. Le souci de l’environnement gagne nos esprits urbains et consommateurs. Mais face aux belles inventions que l’on pourrait attacher sur nos vieilles pratiques, beaucoup proposent au contraire un nouvel état d’esprit, où l’art prend sa place dans le tourbillon de changements dont l’humanité du Nord doit faire preuve de toute urgence.
Dans une interview parue sur lemonde.fr, Gérard Magnin réagit au développement des cités “zéro carbone” :
Si c’est un laboratoire in situ, pourquoi pas ? Si c’est le modèle d’une ville supposée reproductible, non ! C’est tout le débat sur l’influence et les limites de la technologie. Sans un nouvel art de vivre en ville, un changement culturel profond de nos rapports avec notre environnement naturel, il n’y a pas d’espoir de changement ! La technologie peut y aider, pas le remplacer.
(Gérard Magnin est délégué général d’Énergie-Cités, réseau réunissant 1000 villes européennes)
De même que les panneaux solaires, la construction bois ou le chauffage électrique ne se justifient pas dans tous les cas, la technologie et la science ne résolveront pas seules ce défi que nous recevons de nos aïeux. En parlant de défi, n’avez-vous pas été étonnés d’un certain manque artistique dans les présentations du Grand Pari(s) ? On y parle d’organisation urbaine, de planification de la cité, de réseau énergétique, etc, mais où est la nouvelle façon de vivre la ville ? Qui montre le plaisir que l’on aura à se promener entre ces tours agricoles, ces couloirs verts, ces panneaux éobiossifères ? Qui présente la ville durable comme un art de vivre ?
La machine à habiter est à Le Corbusier ce que la machine à produire - de l’énergie - est aux architectes d’aujourd’hui. Pour que l’on puisse vivre ensemble en ville, économiser les dépenses d’énergie et mutualiser les ressources, il faut que cette nouvelle ville intelligente soit désirable. La technologie doit s’armer de poésie pour être efficace.
Par exemple, lorsqu’on demande à SITE de construire le musée des transports à Vancouver en 1985, il répond de façon étonnante. Au lieu de construire un grand musée, neuf et clinquant, consommateur de matière et d’énergie, il propose une exposition extérieure des différents moyens de transports. Ceux-ci sont des sculptures que les visiteurs habitent le temps d’une promenade. L’exposition, sur une route ondulée, passe dans l’eau, sous une autoroute, visite son site avant de se déchirer dans les airs.
Comme le dit James Wines, fondateur de SITE, à la conférence de l’Enjeu Capital(es), l’économie des moyens peut être source d’inspiration. […] Le développement durable ne dépend pas que de la technologie, il a besoin d’art pour fonctionner.